—Mais de ce fait, le principal problème est moins l’abondance de réglementation que les différences selon les zones géographiques : on se retrouve en face de plateformes, américaines le plus souvent, qui ne se préoccupent pas forcément des règlements européens ?
L’avantage en Europe est que l’on dispose dorénavant d’une réglementation unique. Cette réglementation est certes complexe (multicouches), mais au moins elle est harmonisée. Il y a une vingtaine d’années, il y avait autant de réglementations qu’il y avait de pays en Europe. Maintenant, avec le RGPD, avec le DSA et l’IA Act, il y a une seule réglementation européenne. Donc, l’Europe peut parler d’une seule voix.
Est-ce suffisant pour que les entreprises américaines se plient aux exigences européennes ? Si l’on s’appuie sur l’expérience du RGPD, la réponse est oui, mais cela prendra du temps. Les entreprises américaines vont généralement tester les limites de la réglementation, notamment par des recours en justice. Il y a toujours une discussion sur la territorialité de la réglementation européenne. Dans quelle mesure l’IA Act va-t-il s’appliquer à une entreprise californienne comme Open AI ? Cette discussion aura probablement lieu, mais au bout de quelques mois ou années, le doute sera levé, et à ce moment-là, l’ensemble des entreprises, y compris américaines, devront se plier aux obligations européennes si leurs services sont utilisés en Europe. Naturellement, pendant cette période d’adaptation, la plupart des entreprises, y compris américaines, prendront des mesures pour se mettre en conformité avec l’IA Act, même si par ailleurs elles contestent l’applicabilité de certaines dispositions.