—Vous avez contribué aux travaux de la commission interministérielle sur l’intelligence artificielle générative qui a présenté ses conclusions le 13 mars 2024. Pouvez-vous nous brosser les grands axes de sa réflexion autour de l’humanisme, de la souveraineté et de la responsabilité ?
La commission interministérielle de l’IA, composé de plusieurs personnalités reconnues dans le domaine de l’IA, a été établi en septembre 2023 par le gouvernement afin de rédiger un rapport sur les orientations stratégiques que devrait prendre la France en matière d’IA, autour de 5 thématiques : impacts économiques, souveraineté industrielle et économique, éthique et impacts sociétaux, enjeux culturels et service public.
Dans son rapport, la commission émet 25 recommandations traitant de ces thématiques et appelle à un grand plan d’investissement à hauteur de 5 milliards d’euros par an pendant 5 ans.
Dans ses recommandations, la commission appelle à un principe de responsabilité pour mettre l’innovation au service d’un projet de société et ne pas « rater le train de l’IA ».
Globalement, on constate que la commission a adopté une posture très pro-innovation puisqu’il recommande des investissements massifs et l’accélération de l’adoption dans tous les secteurs, notamment dans les services publics comme l’éducation ou la santé. Ce qui peut poser des questions puisqu’il s’agit d’activités essentielles où les risques sont grands et l’on pourrait se demander s’il est opportun d’aller vers une adoption si massive dans ces secteurs critiques, sans avoir au préalable identifié et géré tous les risques que l’IA génère, au risque de tomber dans un « techno-solutionnisme ».
La commission porte enfin de nombreuses recommandations pour développer le plein potentiel économique de l’IA (avec une estimation de hausse du PIB entre 250 et 400 milliards d’euros à 10 ans) et garantir la souveraineté de la France et de l’Europe pour ne pas dépendre de quelques entreprises, a fortiori extra-européennes.